Me contacter par mail : mgercault@gmail.com
STAGES
RESPIRATION HOLOTROPIQUE ET CHAMANISME 2024
1er - 3 mars / 24 - 26 mai / 27 - 29 septembre
13 - 15 décembre (dernier stage 2024) formulaire d'inscription
RESPIRATION HOLOTROPIQUE ET CHAMANISME 2025
7 - 9 mars formulaire d'inscription
6 - 9 juin (stage de pentecôte) formulaire d'inscription
26 - 28 septembre formulaire d'inscription
12 - 14 décembre formulaire d'inscription
PUBLICATIONS
La Psychophanie ou... La communication facilitée
La Psychophanie* ou… La communication facilitée
*(Du grec « psyche » âme et « phan » mettre à jour : expression de l’être profond)
Comment en suis-je arrivée à m’intéresser à cette forme de communication très particulière et pour le moins surprenante, orchestrée par la main du thérapeute (le facilitant) qui frappe sur un clavier informatique les contenus intrapsychiques du patient (le facilité) dont la main est apposée sur sa main,son bras ou sur son épaule?
Ce corps à corps « facilitant-facilité » permet une communication d’inconscient à inconscient, véhiculée par la main du thérapeute qui devient le
« passeur d’informations », le porte parole de l’inexprimé jusqu’alors chez le patient. Ce qui surgit n’est en rien ce à quoi pense le sujet « ici et maintenant » mais une restitution d’événements passés, d’émotions profondes refoulées, de nœuds affectifs, inaccessibles à la verbalisation.
Anne-Marguerite Vexiau introduisit en France cette approche née en Australie sous le vocable de « Communication facilitée ». Elle la surnommera joliment par le titre de son livre « Je choisis ta main pour parler », et la renommera « psychophanie ».
Afin d’aider le patient à surmonter son mal de vivre, la psychanalyste que je suis investigue depuis longtemps d’autres outils que le divan et le fauteuil sur lesquels repose la pratique freudienne. Souvent, en raison de circonstances personnelles et particulières, la parole du consultant se ralentit ou se tarit, les résistances se lèvent et font obstacle au travail psychique rendant le processus parfois interminable. Aussi ai-je donc recours à d’autres médiations thérapeutiques favorisant l’émergence d’un matériel inconscient difficilement accessible en état ordinaire de conscience. C’est ainsi que j’ai à ma disposition l’hypnose, l’EMDR, la respiration holotropique, l’approche chamanique et la psychophanie.
Cependant, cet outil remarquable par sa justesse et ouvreur de pistes, ne peut se substituer à une psychothérapie. Chaque séance de psychophanie a besoin d’être intégrée, élaborée, symbolisée. Cette assertion n’engage que moi et dérangera certainement certains praticiens de cette méthode.
Ce fut, il y a une vingtaine d’années, la lecture du « Livre d’Annaëlle » d’Annaëlle Chimoni qui m’introduisit inopinément à cette approche. J’en fus bouleversée et interpellée.
Son titre m’intrigua d’autant plus que l’ouvrage était préfacé par le Grand Rabbin de France Joseph Sitruk, homme de loi mais aussi d’ouverture, comme je le découvris dans ce livre étonnant.
Annaëlle était une petite fille de huit ans, polyhandicapée, réduite au silence et à une fin précoce. Atteinte d’une maladie rare et incurable, elle ne se leva jamais de son lit et son état quasi végétatif laissait son corps en grande souffrance. Ses parents désespérés cherchèrent comment donner la parole à leur fille et eurent vent de cette méthode étonnante conçue par la pédagogue australienne Rosemary Crossley qui la pratiquait auprès d’autistes et d’handicapés mentaux pour faire jaillir ce qui résidait en eux de forclos.
Il est intéressant de constater que la communication facilitée fut découverte dans les années 1980 simultanément dans le monde entier sans qu’il n’existât aucune interactivité entre les différents chercheurs. En 1985, le prix Nobel de physique Arthur Schawlow inventa également ce moyen de nouer un contact avec son fils autiste. Cette simultanéité confirme donc la théorie des champs morphogénétiques ou résonnances morphiques du biologiste britannique Rupert Sheldrake :
"Un champ de force et de formes existe qui contiendrait de l’information, sans être constitué de matières… L’un des meilleurs exemples demeure celui des cristaux. Des chimistes inventent une nouvelle molécule, ils ont généralement du mal à la faire cristalliser. Mais une fois que l’un d’eux a réussi, les autres y parviennent plus aisément partout. Comme si un nouveau champ de forme avait été créé à travers l’espace-temps et qu’il suffisait en quelque sorte de le capter. Une molécule nouvelle peut aussi cristalliser sous différentes formes, mais dès que l’une d’elles s’impose, son champ devient dominant et les autres formes disparaissent. L’autre exemple type est psychologique : celui des rats de laboratoire. Une fois qu’un rat a réussi à deviner l’issue d’un labyrinthe, tous les autres rats de la planète trouvent plus facilement la solution".
Avant de me former à cette méthode alternative d’expression avec Denise Sénéca, je rencontrai Anne-Marguerite Vexiau puis d’autres praticiens auprès desquels je me prêtai à l’expérience durant de nombreuses années.
Le caractère exploratoire de cette approche qui ne correspondait pas à mes grilles théoriques, alimentait parfois mon scepticisme, et il me fallut des preuves irréfutables validant que le matériel jailli de la main du thérapeute n’était pas le fruit de son imaginaire. J’eus à nouveau la confirmation de sa tangibilité après une séance vécue par mon père.
Atteint d’une maladie neurologique dégénérative associée à une forme d’Alzheimer, son mode d’être au monde s’était excessivement altéré et la communication avec son entourage devenait très silencieuse. Une grande souffrance intérieure l’habitait sur laquelle il ne pouvait poser de mots, mais son intelligence demeurée intacte lui permettait de comprendre ce qui lui était dit. Au terme de sa vie, j’eus l’intuition qu’il pourrait lui être profitable de s’exprimer par ce canal non traditionnel. Je lui évoquai cette nouvelle approche grâce à laquelle, peut-être, il lui serait possible de nous dire ce qui demeurait enfermé en lui. Il accepta de vivre l’expérience avec une thérapeute qui vint à mon cabinet. Ce qui en résulta fut extrêmement émouvant. Enfant de la guerre et de la Shoah, son histoire et ce qui le hantait depuis si longtemps se déposèrent à travers les mains de la facilitante qui ignorait tout de son passé et de sa situation présente. Certains mots, pleins d’humour, étaient ceux que mon père employait avant sa maladie. Lire le texte de sa psychophanie était comme l’entendre à nouveau se déployer avec sa verve coutumière. Mais le plus émouvant fut certainement cette phrase très belle et signifiante au delà des mots : "Je suis si fatigué, laissez-moi partir vers les mondes feutrés".
Très interpelée par cette séance, j’attendis quelque temps puis me formai à la psychophanie. L’inclure dans mon activité clinique me demanda une certaine audace, mais je fus "emportée" par l’ouverture que cette méthode proposait à l’aventure du psychisme.
Des patients en mal de parole, bloqués en eux-mêmes, retrouvèrent à travers des séances de psychophanie les "mots pour le dire", accélérant ainsi leur rythme vers un mieux être.
Illustration clinique (extraits de séances)
Contrairement à une demande de psychothérapie, le facilitant ne pratique pas d’anamnèse, et débute la séance sans préambule afin de ne pas être influencé par les contenus idéatoires du sujet. Il s’agit en quelque sorte d’un état des lieux puis le facilité, s’il le souhaite, pose des questions.
La séance de psychophanie, en conscientisant le matériel refoulé peut être l’amorce d’une psychothérapie ou alors le redémarrage d’un travail interrompu. Quant à moi, j’utilise le plus souvent cet outil non pas de façon unique, mais dans le cadre de mon travail clinique avec des patients en mal de mots… tout en mesurant si cette approche pourrait leur être bénéfique, sans risque de déstabilisation.
Je le répète, chaque séance de psychophanie fait toujours l’objet d’une élaboration verbale afin d’être pleinement intégrée.
Jérémie, 60 ans, consultant, divorcé, deux enfants, vient me consulter par « curiosité »…
MG (Martine Gercault)
Quel maelstrom en ce moment dans ma vie. Quelle couleur lui donner ? C’est un peu incertain. J’ai tant de ressources en moi que cela me déborde parfois. J’ai un grand imaginaire. Ma vie est un roman à multiples facettes. Des interdits et des permissions. J’ai aimé danser tel un funambule sur le fil rouge. J’ai joué à la roulette russe et cela m’a bien plu. Je suis souvent comme un arlequin chamarré. L’autre peut avoir du mal à s’y retrouver, moi également. Je brouille les pistes. C’est un peu comme se retrouver dans un labyrinthe.
Jérémie
Je me retrouve, ça me parle.
MG
Des plus et des déliés, comme une écriture qui ne trouverait pas encore son rythme, son tempo. J’ai d’ailleurs du mal avec le temps. Tantôt lent, tantôt rapide. Je me cache derrière des simulacres avec l’impression d’avoir souvent perdu mon temps. Alors, vieillir me fait un peu peur et je me cache derrière des coquetteries de femme. Je n’aime pas mon âge même si j’affirme le contraire. J’ai la paix à faire avec cette notion du vieillir. Ne plus séduire, c’est impossible. J’ai trop en moi cette appétence d’être aimé et ... d’aimer. Aimer, ça me fait vraiment peur. Peur de me perdre, de me dissoudre dans le désir de l’autre. Pourtant, j’ai connu et cela a laissé des traces.
En ce moment, je me sens comme un caméléon qui change de couleurs en fonction de celle ou celui qui se trouve en face de moi. Je suis même parfois comme les animaux qui se fondent et se confondent avec l’environnement sans plus trop savoir quelle est ma propre couleur.
J’ai du vide à faire pour me libérer. J’ai charrié trop de sacs qu’il me faut jeter par dessus bord.
Mais comment faire ? Je ne sais pas trop. Je suis actuellement comme une pierre qui roule sans arriver à trouver l’endroit où se déposer. Me poser, me dé-poser, me défaire de mes vieilleries et recommencer. Oui, c’est cela, recommencer, être neuf et sans costume !
Jérémie
Ça me parle beaucoup, beaucoup. Pour les derniers mots, je me suis introduit dans le monde du clown et vous ne le saviez pas. Cet après midi, je l’ai passé à mettre au point un spectacle de clown pour mon entreprise. Vieillir, c’est vraiment trop présent, je ne comprends pas pourquoi je n’accepte pas de vieillir et de grandir.
Caméléon? Quand j’ai un but, je fais toujours en fonction de ce but. Je m’ajuste par rapport à la personne en fonction de mon but. Le reste est aussi clair. Le désir de l’autre est peut-être ce qui me perd. Il y a beaucoup de ménage à faire, je m’y attache depuis longtemps. Ne plus séduire, pour moi, c’est terrible, c’est peut-être dû à la peur de ne plus exister. Il y a eu de nombreux changements ces derniers temps dans ma perception de la vie ou que la vie a de moi.
Jérémie souhaite un éclairage :
Je suis encore « bouffé » par une rupture, je suis parti un matin travailler et Camille a disparu. Je ne l’ai pas revue le soir ni entendu le son de sa voix.
MG
Camille, inaccessible, fugitive et sans mots. Enigmatique et sans nid. Elle butine sans jamais se poser. Peut-être avons-nous cela en commun, commencer sans pouvoir conclure. Laisser des points d’interrogation derrière soi, c’est une façon d’assumer et assurer son pouvoir sur l’autre. Finalement, n’est-elle pas mon miroir par rapport à mon comportement avec certaines femmes. Donc mon propre changement passe par le deuil de cette relation, signal de départ de mon changement. Comme le sifflet du chef de gare qui annonce le départ d’un train. Oui, cette relation et sa fin sont le témoignage vivant et sonore de mes propres agissements. Pour l’instant, mettre une croix sur elle afin de pouvoir écrire une nouvelle page de ma vie. Etre bloqué sur Camille m’entrave dans mon être et mon évolution. Renoncer à cette partie de moi bancale me libèrera et me permettra de partir enfin vers une vie plus colorée et plus apaisée. J’ai des renoncements à faire, je dois les accepter pour me « sauver » et me guérir. Alea jacta est. Je ne peux me retourner de peur de me figer dans des comportements familiers que je connais trop bien et qui finalement ne me permettent plus d’évoluer en lumière.
Jérémie
C’est totalement juste, comme disent les enfants, c’est trop bon. C’est ça. Je n’ai pas besoin de réfléchir, toutes les images sont là. J’ai agi autrefois avec Justine comme Camille agit avec moi.
Tout s’éclaire, comme un scénario dont je comprends les différents moments.
Antoine, 55 ans, médecin, vient me voir pour une dépression très ancienne et un couple qui s’étiole.
Après une longue psychanalyse classique en Belgique, il espère que mon approche intégrative pourra l’aider à sortir de ce tunnel intérieur dont il ne voit pas le bout.
Marié depuis vingt-cinq ans avec Karina, il se sent lié à elle sur un mode affectif profond. Leur vie sexuelle depuis de longues années est inexistante. Il ne sait comment reprendre le fil de sa vie.
MG
Des vies toujours des vies, nous en avons eues tant et tant que plus rien ne me semble impossible.
Notre rencontre n’est pas due au hasard, elle est dessinée depuis si longtemps. Alors, on ferme les yeux et on fait comme si. Un lien si fort, qu’au-delà du temps, il ne peut se rompre. J’en ai vu des vertes et des pas mûres. Des orages m’ont englouti et toujours, j’ai pu retrouver le rivage. La houle, les tempêtes, n’ont pu avoir raison de moi.
J’ai soif du large. De nouveaux horizons m’appellent mais qui me font peur. Je sens en moi depuis longtemps cet appel du large. Naviguer les torrents et me nettoyer à eux pour mieux me mesurer à moi-même.
Ma tête me pèse et me fait mal, elle m’est lourde ; souvent, je souhaiterais la voir tomber.
Ma fidélité à ma vie présente et ma loyauté indéfectible à Karina sont comme un contrat d’âme qui m’enferme, me verrouille et m’asservit. Et pourtant, comment pourrais-je le rompre, moi si fidèle aux valeurs et au code moral. Je me sens souvent prisonnier et asservi à mes valeurs chevaleresques. J’aimerais tant faire s’envoler le couvercle. Mais pour quoi faire de ma liberté si chèrement acquise ? Peut-être vais-je trouver la réponse lors d’un prochain voyage. Karina et moi, nous sommes épuisés de cette léthargie qui s’est emparée de nous. Ma femme se rouille, s’affaiblit par sa non vie et je me fais le réceptacle de ses douleurs qui me punissent à tout jamais de m’ « envoler ». A tout jamais ? Quelle horreur ce mot. Nous sommes les otages l’un de l’autre. Je sais bien qu’il nous faut trouver une solution. Son mal aux pieds est souvent pour moi la marque de son impossibilité à avancer. Que faire ? Qu’y puis-je ?
Antoine
C’est exactement ce que je me dis sur un plan conscient.
Antoine pose une question
N’y a-t-il pas en moi une forme de découragement qui s’exprime ? Où aller chercher l’énergie dont j’ai besoin pour ce nouveau départ vers le large qui m’attend ?
MG
Dans mon découragement, je retrouve ma dépression d’enfant. Je m’évadais dans le rêve et maintenant, je m’évade dans mes lectures, mes constructions, mon savoir. L’énergie dont j’ai besoin est celle de mon corps, celle du voyage, du non connu, du non su et du non sûr. Je m’étiole à demeurer chaussé de mes vieilles pantoufles confortables certes mais devenues trop étroites pour ce que j’ambitionne de nouveau et de vivant.
Je n’ose pas en parler à Karina. Comment trouver un modus vivendi sans lui faire de mal, sans nous faire de mal ? J’ai la peur au ventre de tout perdre, de tout larguer. En fait, il ne s’agit pas de tout envoyer valdinguer. Il s’agit d’oser. Oser, sortir de mon côté timoré, de mes peurs et retrouver le conquérant en moi. L’énergie dont j’ai besoin ne se trouve pas dans les livres mais dans la politique de l’expérience. Larguer les amarres et me laisser aller là où mon cœur me porte. Un grand voyage ? Oui, j’aimerais pouvoir. Aller où ? Le monde est vaste, écouter mon rêve, cultiver l’art de rêver pour le traduire dans ma vie. Agir enfin ma vie pour que mon rêve de vie enfin devienne réalité. J’ai trop rêvé ma vie sans la vivre réellement. Assez de m’enterrer.
Je sens que c’est mon défi, mon challenge, mon évolution pour devenir l’être intégré auquel j’aspire.
Les mots sont souvent morts. Mon expérience de vie doit maintenant être à l’origine de mon enseignement. Car, j’ai beaucoup à donner, de moi et non pas à partir de sources extérieures.
Antoine
Cette séance décrit assez bien la détresse du vide et l'orage qui couve en moi depuis si longtemps... mais sans jamais éclater vraiment de l'intérieur.
Vos mots sont sans doute justes même si je les ressens également comme un discours qui s'adresserait à un autre moi, assez étranger à moi-même. Comme à une personne que l'on connait à force de la croiser sur le palier de sa porte. On l'estime et on l'envie parfois pour son courage, son désir d'aventure et sa confiance en soi, mais... elle nous paraît tellement différente de nous-même !
Peut-être qu’un voyage me fournirait cette énergie de Lumière, la foi en moi qui me fait tant défaut depuis mon enfance. Je l’espère vraiment et désespère.
Je reçois quelques jours après notre séance ce mail d’Antoine dans lequel il commente sa psychophanie :
Une nouvelle aventure représenterait pour moi l'ultime recours, l'ultime étape à mon besoin de rencontre avec cette autre personne que vous décrivez et qui parle ici à travers vos lignes.
Je "voyage" depuis plus de quarante ans sur des mers inconnues mais toujours enseignantes et bonnes. La mer, la vie, je l'aime encore, mais elle me déçoit un peu par son "manque de reconnaissance". Je m'y suis souvent perdu, ai pourtant traversé de nombreux orages, parfois dévastateurs mais, Dieu me garde il est vrai, je n'y ai encore jamais fait naufrage.
Hélas, j'ai toujours conservé mes illusions... C'est mon radeau de survie, percé de trous de réparations à force de perpétuer les fausses croyances (sirènes) de la vie et m'y être déchiré l'âme d'enfant naïf que j'ai toujours incarné. Je m'y accroche encore. Sans doute, la peur de couler bas me tient frileusement et toujours au corps.
Je suis un peu las maintenant de tous ces voyages. Mon corps et mon âme sont réellement fatigués, épuisés par ces vaines recherches vers l'Île riante et reposante, jamais rencontrée.
Depuis peu, je viens de mettre le cap sur ce dernier port et compte définitivement y débarquer mon sac et mes tous derniers restes d'espoirs de vie intérieure. Si je n'y découvre rien de toutes ces attentes, je ne crois pas que j'aurai la force de larguer les amarres, à nouveau.
Rencontrer enfin la paix et le soleil qui réchaufferont le coeur de cet enfant orphelin, triste et solitaire que vous décrivez là.
Cette tristesse me gagne à nouveau et me donne envie de pleurer... Je la connais si bien.
Karina et moi, nous sommes très proches intérieurement. Il est vrai, sa souffrance "me tient" dans le doute et la culpabilité. Cette fusion et cette peur mortifère entre nous me sont douloureuses. Elles me semblent pourtant sans appel, sans pardon à soi-même, interminables!
Je me sens "responsable" (un peu coupable) du lien que je crée avec elle, intimement uni à son âme. Mais que faire ???
Par ailleurs sur un autre plan, dois-je vendre mon bateau ou le conserver et y faire les réparations nécessaires pour continuer à naviguer en toute sécurité.
Ce dernier me ressemble étrangement :
Extérieurement, il donne encore le change et fait figure de bon voilier, solide, très bien équipé, encore beau et rassurant. C'est un peu l'image que je tente de montrer aux autres. Mais c'est aussi (et toujours !) une vraie question concernant ma motivation à repartir avec foi, vers la vie.
Intérieurement, il est vieux, usé par le temps et les voyages en mer.
Les batteries qui alimentent l'énergie à bord montrent des signes de faiblesse et ne tiennent plus la charge électrique pour de longues traversées.
Le moteur est en train de rendre l'âme...
Les voiles sont fatiguées.
Et... la coque, poreuse, commence à prendre l’eau !
C'est tout à fait la réalité (à peine) cachée qui se vit en moi.
Vous voyez, il est temps d'arriver au port...!
Je m'interroge. Au fond quel est le poids de la réalité que je crée, que je perpétue malgré moi ?
Je ne sais plus qu'une chose. J'ai maintenant très envie d'accrocher mon hamac une dernière fois, de m'endormir pour longtemps, à l'écoute paisible du ressac intérieur de mes vagues à larmes. Sans craindre que toutes ces traversées ne se renouvellent ; qu'elles ne se feront plus jamais en solitaire, par des nuits sans lune et sans étoiles, sans amour et toujours dans la peur de la rencontre avec l'autre soi-même.
Merci de m'avoir aidé à "faire le point".
Cette première psychophanie fut le point de départ d’un nouveau travail intérieur, émotionnel et corporel. Antoine a repris les rennes de sa vie et goûte à la joie de l’élan retrouvé
Olivia, 50 ans, consultante dans une ONG, vient me consulter pour se reconnecter avec une partie d’elle-même qu’elle a laissée inexprimée jusqu’alors. Elle a entendu parler de mon approche plurielle et souhaite un recouvrement d’âme.
Je précise qu’avant tout traitement chamanique, j’ai un entretien clinique avec le patient pour mesurer d’éventuelles contre-indications.
Navigant dans les sphères politiques, sa parole est riche mais un peu factuelle, mentale. Au cours de notre premier entretien, je lui propose de « poser » sa main sur mon bras, de ne penser à rien et s’abandonner…
MG
Beaucoup de bruit pour rien. J’ai vécu enfant dans un grand silence peuplé de cris, les cris du silence. Et cela a créé un chaos intérieur que personne n’entendait. Je me suis construite toute seule, portant le fardeau de toute une lignée familiale déficiente. Comme si les responsabilités furent le manque de ma famille, la marque Tout le monde se rejetait la balle, n’assumant rien de ce qui leur était imparti. J’ai vécu une grande errance intérieure et me suis construite au lance pierres. Quelle drôle d’expression, comme un guerrier avec un javelot à la main. Un soldat romain qui partait au combat, ne sachant s’il allait revenir. Je me suis souvent sentie en danger de mort avec une vie difficile à conquérir. J’ai mis en avant mes capacités intellectuelles, les seules possessions que je m’étais construite et que l’on ne pouvait me retirer. Je suis une conquérante, une acharnée. Je comprends très vite et fais le tour des choses en un clin d’œil. Mais j’ai également le grand besoin de me poser en moi et de me mettre à distance de l’intellect. Rencontrer ma douceur pour pouvoir enfin la partager avec quelqu’un. Ne plus avoir peur de l’amour. C’est cela finalement que j’ai à reconquérir. Retrouver l’amour de moi pour enfin pouvoir le partager dans la brillance de la Lumière.
Olivia
C’est très joli et très juste, très fort. C’est vrai que je me suis construite seule et je me suis construite à partir de mon mental et aussi grâce à mon imaginaire. Un monde intérieur dans lequel je pouvais être une conquérante. Je me sens plus guerrière que sainte. L’image est tout à fait belle et juste. La guerrière qui se construit à partir de son esprit et qui souhaiterait retrouver cette douceur en elle. A force d’utiliser les armes, on oublie d’être dépouillée et nue devant l’autre.
MG
J’ai voulu mourir tant et plus. Mais toujours, au dernier moment ma force de vie revenait à toute vitesse comme le galop d’un cheval. Je n’ai trouvé nulle part un havre où me poser. Adulte trop jeune, je suis passée à côté des années d’insouciance que peut-être je souhaite retrouver maintenant car je me sens plus légère. J’ai détesté mon enfance, mes origines, ma famille. Mon père, absent, désœuvré et désolé. Ma mère une folle à lier que je hais, de toutes mes forces, et j’en ai honte. J’ai honte de mes sentiments extrêmes que je garde en moi. Je suis souvent un mystère pour moi-même comme si je n’avais pas totalement droit aux anales de ma propre histoire. Il me faudrait retourner à ma vie périnatale pour comprendre les enjeux de ma naissance. Peut-être quelque chose s’est-il joué à ce moment là. J’ai vécu dans l’imaginaire, les mondes invisibles, extra-terrestres, eux seuls pouvaient me donner la part de rêve qui manquait à mon enfance.
Olivia
Tout à fait juste, l’échappatoire a été toujours dans les mondes célestes et sidéraux. C’était extraordinaire. Ma conscience s’élargissait et englobait l’univers. Il m’a toujours été difficile d’exprimer mes émotions, ma colère, ma tristesse. J’ai du mal à pleurer.
Au terme de cette séance verbalisée dans l'après-coup, Olivia se sent réintégrée à elle-même, pleine de nouvelles ressources, jusqu'alors endormies.
Pour conclure cet exposé, cette méthode infraverbale innovante, complémentaire d’une thérapie parfois « bloquée », repose tout d’abord sur la relation thérapeute-patient, sur la confiance, moteurs indispensables d’une séance juste et enseignante.
Le patient ne sait jamais ce qui va s’écrire. Aucune préparation, aucune intention préliminaire ne sont nécessaires au bon déroulement d’une séance. C’est la rigueur et l’intégrité du praticien qui permettent à celle-ci de se dérouler dans une « entité bicéphale » libre de toute projection, accordage synchronisé de deux inconscients, l’inconscient du thérapeute et celui du patient.
Martine Gercault, juin 2015
Martine Gercault © 2018 Tous droits de reproduction, même partielle, sont interdits, sauf autorisation de l'auteur.
Tous les textes écrits par Martine Gercault sont sa propriété. Mentions légales.