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INTERVIEWS
Le "psy" face à la crise sociétale
Le "psy" face à la crise sociétale / interview de Martine Gercault
Article paru dans le Huffingtonpost le 19 février 2015
Le monde vit un choc global. Cette mutation profonde et nécessaire qui implique un changement de paradigme s'accompagne malheureusement d'une violence généralisée. Et face à ces débordements délétères, nous devons demeurer vigilants quant aux possibles dérives qu'ils engendrent.
Les repères anciens, devenus obsolètes, n'ont plus cours et la défaillance des systèmes politiques et économiques en place se répercute avec violence sur la psyché individuelle et collective. L'inquiétude règne, tout se délite et se détricote comme une tapisserie qui n'aurait plus ni fil conducteur, ni Père.
Les fanatismes religieux et raciaux semblent précipiter notre société dans une errance barbare certaine à laquelle se surajoute une angoisse difficilement jugulable.
Quelle est alors la place de la psychanalyse face à ce malaise dans la civilisation? Quel est son rôle possible?
Si le psychanalyste s'interdit toute ingérence dans le politique, il ne peut malgré tout faire fi de son propre questionnement et demeurer frileusement protégé du dehors dans l'intimité calfeutrée de son cabinet.
Nous entendons dans le discours de nos patients sourdre de nouvelles craintes qui n'ont plus comme seule origine les problématiques familiales, affectives, sexuelles ou existentielles qui faisaient le quotidien de notre clinique.
Une dimension autre se fait jour. Celle d'un avenir incertain, friable, activateur d'une déstabilisation psychique individuelle et collective.
Ce disfonctionnement inévitable, inaugurateur, nous l'espérons, d'un changement positif fondamental n'est, malheureusement pas sans rappeler le déclin de civilisations avancées qui, victimes d'elles-mêmes, basculèrent dans l'obscurantisme.
Notre pays connaît, lui aussi, une crise de régime sans précédent à laquelle se superpose une crise identitaire. Le navire, souvent en déroute, semble ne plus être gouverné, faute d'un capitaine à bord. Tout se marchande et tout se brade. Nous ne sommes pas loin du temps de la Peur... Et lorsque les hommes ont peur, aucun dialogue ne peut s'installer tant l'obsession du danger est grande. La peur engendre une fracture, un repli sur soi, le refus du nouveau et des autres, dans l'illusion absurde d'échapper au chaos.
En cette atmosphère troublée, les fantômes de l'extrême errent un peu partout et nous, psychanalystes, ne sommes pas exclus de cette tornade qui se répand sans que nous ne puissions faire autrement que de la détecter et nous interroger quant aux possibilités nouvelles de s'y préparer et d'y faire face, sans se replier.
Face à cette rupture sociétale, il importe d'élargir son regard et penser autrement, comprendre ce qui se passe pour pouvoir opérer des choix face à ce monde devenu extrêmement complexe.
"La civilisation a toujours été animée par un combat entre la pulsion de vie et celle de la mort, nul ne peut présumer du succès et de l'issue" écrit Freud en 1929 dans le texte combien actuel "Malaise dans la civilisation".
Comme si les civilisations les plus modernes pouvaient finir pas s'autodétruire!
Si le thérapeute n'est en aucun cas un "psycho flic" qui va œuvrer à la normalisation du sujet, on ne peut plus, cependant, proposer des années de travail psychique quand tout se précipite. Révolue est l'époque durant laquelle le patient vivait patiemment le temps de la cure, venant trois fois par semaine s'allonger sur le divan, acceptant cette dimension édificatrice du temps, comme absolue et nécessaire et surtout, surtout... ne manquait aucun rendez-vous dicté par cette rencontre sacrée avec lui-même. Nous vivions alors, nous psychanalystes, dans cette atemporalité habitée par l'Inconscient du consultant auquel se mêlait le nôtre, des moments de rencontre très singuliers, car le temps sans limite n'était ponctué que par le rythme personnel et singulier de l'analysant auquel se juxtaposait notre écoute "flottante".
Aujourd'hui, face au bouleversement du changement, face aux nouvelles technologies, les demandes sont autres, exigeantes d'efficacité dans un court terme qui court-circuite souvent l'installation d'un dialogue d'Inconscient à Inconscient, celui du thérapeute et celui du patient, dans une nécessité pour celui-ci d'atteindre un maximum d'efficacité en un minimum de temps. Nous sommes à l'ère du "quick fix". Tout va trop vite, à toute allure, dans un éphémère déstructurant.
Dans Le choc du Futur, Alvin Toffler écrivit en 1970 cette phrase prophétique et combien actuelle: "Le choc du futur est le stress et la désorientation provoqués chez les individus auxquels on fait vivre trop de changements dans un trop petit intervalle de temps".
De même qu'un arbre ne pique pas une crise de nerf pour être en fruits, il faut du temps pour que s'établisse le lien thérapeutique qui aidera le patient à se construire dans la sécurité du lien partagé avec cet Autre qu'est le praticien.
Notre posture d'analyste, de passeur, en cette période troublée et instable, n'est-elle pas encore et toujours d'aider le patient à s'individuer et se positionner en tant que sujet afin de demeurer libre face aux turbulences actuelles? Ainsi pourra-t-il opérer les choix qui lui sont propres pour se confronter à l'immense clivage existant entre les avancées technologiques et la régression socio-économique.
Danser avec le chaos est l'invitation à laquelle nous invite la dissonance contemporaine, tout en respectant notre humanité. Cette phrase du Faust de Goethe "Ici, je suis humain, ici, je m'autorise à l'être" illustre cette proposition.
Vivre et trouver du plaisir à vivre notre vie.
Découverte de chaque instant.
Martine Gercault © 2018 Tous droits de reproduction, même partielle, sont interdits, sauf autorisation de l'auteur.
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